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Les précurseurs crée leurs prédécesseurs...
Parfois, j'ai envie de vivre en ermite, d'aller faire des retraites à la con en forêt, pour écouter le champs des oiseaux et voire pisser les renards sur les fraises des bois. Je voudrais fuir ou
la société ne m'atteindra pas, pourtant ça serait dans la fuite, qu'elle m'atteindrait le plus, puisque sans elle, je ne serais pas là, à trainer dans les bois, sans raisons apparentes. Alors je
crois qu'ermite, c'est pas mon truc, moine non plus. Je ne suis pas un ascète, je ne suis pas un saint homme. Je suis un connard, comme tout le monde, sauf que j'essaye de me soigner, ce qui me
distingue quelque peu des autres connards.
Ma place n'est pas dans la fuite, ma place n'est pas en forêt, dans le désert ou au fin fond du cul d'une vache. Je vais rester ici et vivre dans cette purée bouillonnante de fourmis passives,
qui se gavent de pommes de terre. Je resterais là, devant cette assiette morne, voyant les gens gavés de leurs rations quotidiennes, habituelles, banales, normées. Je les verrais célébrer la
mousseline fade, comme s'ils ne pouvaient saliver que sur ce plat, puisqu'il n'en existerait pas d'autres. Des patates dans la boue, fixées, scotchées, elles ne tiendront plus jamais debout, du
moins le pensent-elles, du moins les en a t-on persuadé. Disposées dans l'assiette en terre cuite séchée, on les recouvrira de la purée du reste de leurs collègues tuberculeux, qui n'auront pas
eu autant de chance qu'eux.
Je suis là devant ce spectacle, tout comme vous, j'assiste à la scène du repas des humains qui se bouffent entre eux. Mais moi, je me suis fabriqué une fourchette subversive, une lame de
conscience et voilà que je peux alors me mettre au travail. La purée est maléable et cela ne changera surement pas grand chose, mais tant pis, je me lance et je trace un chemin la dedans. J'en
fais d'autres en ne respectant que les lignes droites issues de ma fourchette. Je fais des stries dans la purée, je fais des puits, des montagnes et des desseins imaginaires, parce que tel est
mon plaisir, parce que ça me défoule et parce que j'ai l'espoir que d'autres fassent comme moi et foutent leur merde dans cette ennuyante assiette.