Un Cf, un conseil fédéral de syndicat. une réunion qui dure deux jours entiers, des votes à n'en plus finir, une salle de merde, sans tables, des murs qui raisonnent et un micro de merde pour les
gens à la tribune. J'essaye de prendre des notes mais je ne distingue qu'un mot sur deux, ça dure 8 heures, ça va être sympa...
J'écris pour passer le temps, pour décrire ce que je vois, pour moi, pour ceux qui ne voient pas tout ça, qui ne savent pas comment a marche, comme moi, je découvre et j'hallucine.
Donc ça continue, la réunion commence...Évocation de l'ordre du jour, je n'ai pas le papier avec le sommaire, les grands points à traiter. On nous raconte qu'on passe du point 6 au point 8,
du point 7 au point 9, je vois le point 11...Apéro autogéré, celui ci me plais.
Ensuite, on nous dit, on change tout, il y a une manif aujourd'hui, il faut y aller, une manif sur la précarité, j'en suis, pourquoi pas...Mais alors, 3 heures en moins donc le tiers de l'ordre
du jour de la journée en moins, ça râle, on est venu pour travailler. Alors on vote, mais on vote quoi, on part de quelle heure ? On débat sur l'heure. Y va t'on ou pas...On débat aussi...On
vote, on y va pas, mais une heure est déjà passée et on a rien fait.
Alors on continue en suivant l'ordre du jour, en débattant sur l'ordre de l'ordre du jour....Ça n'a toujours pas commencé...Organe démocratique, un peu trop, c'est lent, c'est absurde, c'est
marrant à voire mais pas trop efficace. Qui va à la manif ? Qui fait partie des groupes de travail ? Qui se propose ? Créteil, Paris...Qui ?
Enfin, on attaque le point actualité. Présentation des débats. Pas d'introduction car pas le temps de la préparer, donc on passe au sujet. Commencer une intervention par "j'ai pas eu le temps de
préparer", ça n'incite pas à la motivation...
Pour intervenir, il faut se lever, venir du fond de la salle à cause du fil du micro trop court.
On parle d'un manif de stagiaires, une manif à trois. Selon les manifestants, un bide, mais il faut y aller. Et tous, chacun à leur tour, chaque départements, se lèvent pour dire la même chose.
33, 57, 62...Bingo ! Ça ressemble à ça... On parle d'un truc pas motivant, sans mobilisation, tout mou, tout le monde s'en fou mais on passe une heure dessus. Après tout ça, le point sur la
mobilisation du samedi 22 se clôt. Qui appelle ? Qui n'appelle pas ? Puis on évoque un autre point, l'édition d'une brochure de quatre page. change t'on le 52ème mot du cinquième article ? Levez
vous et intervenez au micro, chacun votre tour, puis, votons...Qui est pour, contre ? Qui s'abstient ? Qui ne prend pas par au vote ?
J'ai fait partie d'un congrès fédéral de syndicat, une épreuve pour tous les syndiqués. Mais il faut prendre des décisions démocratiquement et demander l'avis de tous, donc voter. Demander l'avis
de tous, c'est lent, même si on est dans le même syndicat, il y a des sensibilités diffférentes. Ici, ça vaut le coups de demander son avis à tous le monde, parce que tout le monde est plus ou
moins au courant des tenants et des aboutissants des décisions prises, ce qui n'est pas le cas dans la démocratie française. Dans celle-ci, la plupart des votants ignorent tout de leurs
institutions, de leurs intérêts à prendre telle ou telle décision , de leurs droits. Ils votent à la tête du client et si celui-ci, à du bagou, du pognon pour sa pub et des amis dans les médias,
il est élu (je ne vise personne en particulier...). Dans les syndicats au moins, tout le monde sait pourquoi il vote, alors ça vaut le coups de voter et de passer deux longues journées à le
faire...