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La précarité au travail normalisée
Je suis là et je suis victime de l'être. Je voudrais être ailleurs, mais je suis ici, malgré moi, dans une sorte d'obligation. La nature aurait amené mon corps fatigué à rester dans sa couche, ou
il n'est pas assez resté ces temps derniers, mais la société civile à ses obligations, que la raison et l'anatomie humaine ignorent..
Alors je suis sorti pour me trainer chez le médecin, obligé que j'étais, de justifier cette absence sur mon lieu de travail à mon employeur, pour que mon abandon de poste se transforme en arrêt
maladie légitime...Je m'étais donc levé, tombant dans les genoux, galérant jusqu'au bus, me roulant à son tour jusqu'au cabinet médical.
Une fois arrivé, la secrétaire m'annonce la bouche en cœur, que le médecin ne prend que sur rendez-vous et moi, je n'avais pas pris rendez-vous, puisque je n'avais pas prévu ma chute de tension
soudaine de ce matin. Alors, après avoir lourdement insisté, aussi lourdement que mon corps me l'ai permis à ce moment là, on m'a casé entre deux rendez-vous, à 9h45. Il est 8h, j'aurais le temps
de faire autre chose, mais pas la force, alors j'attends là, le cul posé sur cette chaise de salle d'attente.
J'ai le temps de penser, d'écrire, d'aller prendre un café degueu à la machine, pour que l'envie de vomir se rajoute à mon mal de crâne et mes pensées morbides. Je pense à ce qui m'a amené là,
dans cette salle d'attente ou je perd mon temps. Je pense à ma fatigue et à ce qui la cause... A ce qui vaut la peine que je sois fatigué et à ce qui ne la vaut pas, que je songe d'arrêter de
faire, afin d'éviter de me pourrir la vie pour des conneries.
De la précarisation, voilà de quoi je suis victime. A la fin d'un contrat de un an, il est facile pour l'employeur de profiter du mercato qui arrive, pour user de certains moyens de pression,
pour que l'employé donne le meilleur de lui même, voire plus, sans reconnaissance aucune...Ainsi fleuriront les arrêts maladie, une fois que toute l'énergie du travailleur sera pompée. Et même
quand on a pas la niaque, on subit ces mauvaises ondes et la fatigue morale qui en résulte n'en est pas moins intense. Tout ceci, 38h par semaines, à faire un travail sans avenir, tout en se
faisant culpabiliser de ne pas en faire 41, comme indiqué par l'annualisation des heures de notre contrat ultra précaire..
Alors je pense à tout ça, le cul vissé sur ma chaise de salle d'attente, attendant le médecin messie, qui me délivrera de ce mal durant un jour ou deux, jusqu'à ce que cela recommence, jusqu'à la
fin de mon contrat précaire, qui en appellera d'autres..J'ai le temps de penser, j'ai le temps d'attendre, j'ai le temps de perdre mon temps et parfois, j'ai même l'impression, que ce temps assis
ici, n'est pas tellement différent des temps ou je végète ailleurs...Peut-être sommes nous tous des patients passifs attendant à ce qu'on les autorise à se lever, pour se faire ordonnancer et
avoir l'autorisation de travailler ou pas...