Texte issu de l'atelier "Merimamimir", tous les lundis, de 18h30 à 21h, à la Maison Mimir, 18 rue Prechter, Strasbourg.
L'absurde ne mène nulle part
mais s'il existe, c'est bien qu'il sert à quelque chose
et s'il ne sert à rien, n'est-ce pas utile ? Une chose qui ne sert à rien ?
Une chose qui ne sert à rien n'aurait-elle pas droit de cité ? Mais elle servirait à qui, cette chose ?
A vous, à moi, est-ce que les mêmes choses servent aux mêmes gens ? Est-ce que les choses doivent être à notre service ?
Ne pourrait-elles pas se foutre de notre gueule ? Se moquer de nous ?
L'absurde dénonce l'utile, l'utilitarisme.
L'absurde ne sert à rien d'autre que ce qu'il est. Être différent de ce qui ne l'est pas,
créer un décalage, faire voire autre chose que ce que l'on propose habituellement, que l'on touche facilement, qui remplit les rayons.
Un vieux gâteau pourri coincé sous l'étalage, sa vénération, ça ne sert à rien, mais dans le fond, n'est-ce pas plus original de vénérer un vieux bout de gâteau pourri qu'on ne mangera pas, que
la fée consommatrice qui nous fait nous gaver de choses insignifiantes, que l'on nous a fait croire comme utiles mais qui ne servent à rien au final ? Tout comme le vieux gâteau pourri...
Ce gâteau pourri se démarque et, de ce fait, parait plus intéressant que tout le reste, accessible, que l'on a pas besoin de chercher, que l'on mâche presque pour nous. L'absurde c'est le
décalage entre notre connerie utilitariste concrète et une chose improbable qui au final à peut-être plus de sens.